vendredi 18 décembre 2015

Les interdits du bon patriote


Pour tenir compte de ces remarques de Marine Le Pen et mériter moi aussi ma nationalité française et ma médaille du bon beauf franchouillard identifiable, j’ai décidé de parler Français, de manger Français et de vivre Français…
Et vive Pétain, ça ne mange pas de pain !
J’ai bien peur de passer assez vite pour un gros con, mais bon, je veux bien essayer, si ces nouvelles pratiques me permettent d’échapper à la police des mœurs des bons patriotes identitaires qui veille…
Pour m’y aider, j’ai fait quelques recherches qui peuvent également vous être utiles, être utiles aux 536 Férois ayant décidé, le 13 décembre dernier, de rejoindre le camp des bons patriotes, fiers de leur nationalité française et qui vont désormais parler (Et là, il y a du boulot si j'en juge par les commentaires laissés par certains sur la page Facebook de Mireille Chevet), manger et vivre Français…
Mais je vous préviens, ça va décoiffer :

Ben oui, parler Français va réclamer, de chacun de vous, des racistes et des islamophobes en particulier, une attention de tous les instants, car vous allez devoir vous passer de mots, arracher quelques pages de votre bon vieux Robert et surveiller votre langage courant si vous ne voulez pas être considérés comme d'affreux mauvais Français...
Ben oui, il va falloir vous passer de café et du sucre qui va avec… Café et sucre, sont deux mots qui viennent de l’Arabe ! Et ce n’est pas le cafetier qui pourra vous le dire car lui aussi n’est pas Français, même s’il s’appelle Jean Pierre !
Et puis, désolé de vous le dire, si vous êtes un diabétique raciste, pas question de remplacer le sucre par de la saccharine… Oui, oui... Là aussi, saccharine pas Français mais Arabe.

Je sais, vous êtes scié et vous avez envie de vous asseoir… Oui, mais là encore, pas question d’utiliser un sofa, un matelas ou un divan pour poser vos fesses, malheureux :
« Verboten !!! » comme disaient les boches…
Et "Vive Pétain !" , ça ne mange pas de pain !
Ben oui, il y a de quoi tomber sur le cul mais ce confort moelleux vous est désormais interdit. Pas Français mais Arabe le confort d’un divan ou d’un sofa ou de s'allonger sur un matelas !
Vous avez besoin de prendre un verre après cela… Oui mais prudence : N’utilisez pas une carafe, c’est pas Français.
Ne réclamez pas davantage un petit verre d’alcool… Alcool ? Oui, oui, même le mot alcool c’est Arabe bien que les musulmans n'en boivent pas : Pas Français le bourre-pif ?
Un comble non ?
J’arrête là, mais rassurez-vous hein,  le mot connerie, lui, est bien Français !
Alors soulagés ?

Trop c’est trop, pour moi : 
Pour ma part et pour échapper à cette police du bien parler, bien manger et bien vivre Français et ne pas devenir un gros beauf, je crois que je vais prendre le prochain tapis volant pour Marrakech où je pourrai m’enfiler un bon tajine Kefta, croquer quelques cornes de gazelle et Kadaïf (ça colle aux doigts mais j'adore) tout en sirotant un thé à la menthe bien chaud et bien sucré en compagnie de mon ami Mohamed !

Plus sérieusement :
Parlez-vous l'arabe sans le savoir ? 
Lisez l’extrait de texte ci-dessous…

« Permettez-moi de vous inviter à prendre quelque chose dans ce café, chère madame ! Enlevez donc votre jaquette et prenez place sur le sofa au matelas garni d'une étoffe carmin… Le cafetier s'empressera de vous servir une tasse de café avec deux petits morceaux de sucre, à moins que vous ne préfériez une carafe de limonade bien glacée, ou encore un peu d'alcool ! Non ? Mais vous accepterez certainement une tarte aux abricots et aux bananes !

Mais bien sûr, cher ami, vous êtes aujourd'hui mon invité ! Puis-je vous offrir, pour commencer, un sorbet à l'orange ? Je crois que des artichauts feraient une entrée fort agréable. Et que penseriez-vous d'un chapon accompagné de riz et de barquettes aux épinards ? Pour le dessert je ne saurais trop vous recommander ce gâteau à la sauce d'arak. Et pour clore le repas, un moka… Mais, je vous en prie, installez-vous sur le divan.

Pourquoi, certes, ne vous sentiriez-vous pas parfaitement à l'aise, alors que tout ce qui vous entoure comme tout ce que je vous offre se trouve sur la liste des articles depuis longtemps inventoriés qui font partie de notre existence, et cela bien que nous les ayons empruntés à un monde étranger à savoir le monde arabe ? Le café qui vous sert quotidiennement de stimulant, la tasse dans laquelle vous versez ce noir breuvage, le sucre sans lequel vous ne sauriez aujourd'hui imaginer un menu, la limonade et la carafe, la jaquette et le matelas, c'est aux Arabes que nous devons de les connaître. Et ce n'est pas tout ! Dans la presque totalité du monde civilisé, ces articles portent encore leur nom arabe ! De même pour candi, bergamote, orange, quetsche, etc.

Rien d'étonnant, me direz-vous sans doute, à ce que certains fruits originaires des pays chauds (tout comme certains aliments ou boissons) nous viennent de l'Orient ; et pourquoi dans ce cas, ne conserveraient-ils pas leur appellation d'origine ?
Et lorsque vous avouez que, maté par la fatigue, vous vous étendez sur le sofa, le divan, l'ottomane ou dans l'alcôve, vous m'assurez que n'importe quel enfant saurait reconnaître l'origine étrangère de termes aussi extravagants. Mais savez-vous que, sans le vouloir, vous avez employé un autre mot arabe, un terme issu du jeu d'échecs (jeu que les Arabes nous ont appris, l'émissaire d'Haroun al-Rachid l'ayant, dit-on, introduit à la cour de Charlemagne), qu'échec vient de shah (le roi) et que le mot maté que vous avez employé vient de mat qui signifie tout simplement : " Il est mort " ? Alors, vous voyez : échec et mat !

Saviez-vous en outre que les sacs de maroquin que vous voyez dans ce magasin portent encore l'estampille des Arabes ? Quant aux étoffes exposées dans cette vitrine, en dehors des cotonnades, des mousselines, du mohair souple et duveteux, vous pouvez faire votre choix entre le satin élégant, le taffetas distingué, la moire chatoyante et le damas somptueux (de la ville de Damas), qui étalent à vos yeux toute une gamme de nuances depuis le jaune safran jusqu'au lilas en passant par l'orange et le cramoisi. Autant de délicates invites à nous souvenir de ceux auxquels nous devons des étoffes aussi utiles que précieuses sous leurs coloris éclatants, c'est-à-dire aux Arabes.

Savez-vous que lorsque vous entrez dans une pharmacie ou une droguerie, vous y trouvez quantité d' " inventions " arabes. Un simple coup d'œil aux caisses et aux flacons du droguiste suffira à vous en convaincre : vous y verrez de la muscade, du cumin, de l'estragon, du safran, du camphre, de la benzine, de l'alcali, de la soude, du borax, de la saccharine, de l'ambre et bien d'autres drogues arabes dont vous usez quotidiennement. Savez-vous que nous désignons encore sous son nom arabe de laque, le vernis dont nous couvrons nos ongles, que l'aniline, la gaze, le talc et la ouate sont autant de noms arabes ?

Vous ne sauriez donc nier plus longtemps que le grand nombre de noms arabes qui émaillent notre langue désignent des articles d'usage courant dont les arabes nous ont révélé l'existence. Ni que ces articles aient apporté à notre vie quotidienne, jadis insipide, voire un peu sordide, maints agréments délicats qui l'ont littéralement assaisonnée, embellie par la couleur et le parfum, ni que celle-ci leur doive d'être plus saine et plus hygiénique en même temps que plus riche de confort et d'élégance… »


(Le soleil d'Allah brille sur l'occident. notre héritage arabe - Sigrid Hunke
Albin Michel, 1963 - réédition 1997 - poche à 9.90 sur : fnac.com - ici >>>)


Pour finir,  vous pouvez trouver une partie de la panoplie du consommateur avisé, soucieux de consommer local, en vous équipant pure tradition, pures charentaises, auprès de notre petite sélection de sites de vente en ligne qui, pour l'occasion, sont de vrais producteurs français à soutenir si vous le souhaitez et sans pour autant partager les sorties et les outrances régulières de Marine Le Pen :

 
 









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Bonjour,
Merci de votre contribution, de vos avis et remarques...
A bientôt, ensemble !